L’Ascension et le temps pascal : foi, espérance et mission

Le temps pascal, qui s’étend de la résurrection à la Pentecôte, est un moment fort de l’année liturgique. Il invite les croyants à raviver leur foi au Christ ressuscité, à renouveler leur espérance en la vie éternelle et à s’engager dans la mission de témoigner de l’Evangile. A la l’aube de l’Ascension, prenons le temps de redécouvrir le sens de cette fête et sa portée dans notre mission.

Ascension et résurrection : deux réalités indissociables

La résurrection et l’ascension constituent deux faces d’une même pièce. Elles sont  inséparables. L’ascension couronne et achève le processus de la résurrection. Quand on est ressuscité, on partage l’éternité de Dieu. Cependant, la résurrection est toujours précédée par la mort qui est elle-même considérée comme le fait de quitter le monde terrestre, celui des vivants. Les expressions souvent utilisées pour annoncer le décès de quelqu’un en disent long : “il (elle) nous a quittés”, “ il(elle) n’est plus de ce monde”, “ il(elle) est entre(é) dans la lumière de Dieu. Toutes montrent que les morts traversent l’autre rive. Après la mort, Dieu ne fait pas revenir à la vie sur terre mais auprès de Lui pour partager son éternité. 

Le passage de la mort à la vie éternelle

Ainsi, ressusciter, c’est passer de cette vie à une autre mais dans l’éternité de Dieu. Le ressuscité n’avait-il pas demandé à Marie Madeleine de ne pas Le retenir car Il n’était pas encore monté vers son Père ? (Jean 20) Quant à savoir quand se réalise ce passage, – de la résurrection à l’ascension – les croyances monothéistes sont partagées. Les juifs et les musulmans pensent qu’on attend quelque part le jugement de Dieu qui interviendra à la fin du temps. Pour eux, la résurrection sera collective. Jésus abonde dans un autre sens. Elle est individuelle et se réalise au moment même de la mort. Aujourd’hui, tu seras avec moi au paradis, disait-il à un des larons, crucifié avec lui. (Lc.23,43),

Les apparitions du Ressuscité et la foi des apôtres

S’il en est ainsi, comment comprendre qu’après sa résurrection, Jésus est encore resté sur la terre, apparaissant à ses apôtres, leur expliquant les Écritures, parfois, mangeant même avec eux ? Les apparitions du ressuscité à ses apôtres avaient un objectif bien précis, à savoir: l’affermissement de leur foi en sa résurrection, car c’est sur elle que le ressuscité entendait fonder son Église. D’ailleurs, il est très révélateur que le ressuscité disparût aussitôt qu’il était reconnu par les apôtres. Ces disparitions constituaient déjà les signes ou l’annonce de l’ascension. Jésus leur apparaissait en ressuscité et non pas en humain mortel parce qu’Il avait déjà franchi la porte de la mort et était donc passé sur l’autre rive. Ressuscité, il n’était plus soumis aux aléas du temps ni de l’espace. Il partageait déjà l’éternité de Dieu.

Présence visible et invisible du Ressuscité

Mais ce mouvement d’apparition et de disparition revêt également un autre sens. Si l’apparition dénote une présence, aussi éclaire soit-elle, la disparition représente l’absence, donc l’invisibilité. En apparaissant, Jésus, le ressuscité, ouvrait en même temps les yeux (les 5 sens) de la foi de ses apôtres pour qu’ils puissent sonder le mystère de la résurrection, c’est-à-dire qu’ils soient à même de Le voir même absent. Sa présence ne sera plus perceptible physiquement mais spirituellement avec les yeux de la foi. En leur ouvrant les yeux de la foi, le ressuscité entérinait ainsi ce qu’il leur avait dit de son vivant terrestre : À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux, mais ce n’est pas donné à ceux-là. Mais vous, heureux vos yeux puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent ! Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. (Mt 13, 11, 16-17). Sa présence réelle mais invisible se fera à travers sa parole, l’eucharistie, l’un des plus petits à qui on fait du bien et que l’on rencontre mais aussi la communauté rassemblée en son nom, donc l’Église. 

La paix du ressuscité, une condition pour la mission

Qu’en était-il concrètement des apôtres ? Lors de sa première apparition aux dix apôtres, enfermés dans une maison bien verrouillée par peur des représailles des juifs, Jésus les avait d’abord rassurés en leur accordant la paix, puis, leur avait soufflé son esprit et enfin, leur avait donné une mission. (Jn 20) La paix du ressuscité, donnée aux apôtres, signifiait et reposait sur sa présence. Ressuscité, il était, il est et sera désormais présent et vivant dans la vie des apôtres. C’est une présence rassurante qui confirme les paroles du psaume 27,1: L’Éternel est ma lumière et mon salut, de qui aurai-je peur ? L’Éternel est le soutien de ma vie : de qui aurai-je à trembler ? » La paix du ressuscité délivre de la peur, de l’angoisse, de l’anxiété. Elle est non seulement une des conditions pour mieux accomplir la mission du ressuscité, elle est aussi la condition de la liberté. Il est impossible d’être libre sans la paix et d’être en paix sans être libre puisque la liberté est une partie intégrante de la nature humaine. La perdre, c’est aussi perdre la paix. 

L’Esprit Saint dans la mission

Ainsi, en délivrant ses apôtres de la peur qui les habitaient, le ressuscité leur avait accordé le pouvoir d’affronter les humains, toutes catégories confondues, de leur prêcher la Bonne Nouvelle en toute vérité en ne poursuivant et ne visant que l’intérêt de l’amour et de la vérité. Ce n’est pas humainement évident puisque cela s’avère quelquefois, si pas souvent, dangereux, compromettant pour les missionnaires. Beaucoup en sont morts martyrs. Aussi, le risque de capituler, de renoncer à la mission et de se décourager est-il énorme. D’où l’envoi de l’Esprit saint aux apôtres. Ne les avait-il pas avertis qu’ils seront menés, à cause de lui, devant des gouverneurs et devant des rois, pour servir de témoignage à eux et aux païens? Mais, continuait-il, quand on vous livrera, ne vous inquiétez ni de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz: ce que vous aurez à dire vous sera donné à l’heure même; car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous (Mt 10, 19-20)

Le temps de la mission et de la transmission de la foi

On se rend compte que le temps post pascal, c’est le temps de la mission. Les apôtres ne recevront l’Esprit Saint que pour la mission, c’est-à-dire pour continuer l’œuvre commencée par Jésus. Cependant, pour que cette mission soit bien accomplie, il faut remplir quelques conditions, notamment la foi au ressuscité, donc à sa présence invisible en nous et dans le monde. C’est cette foi que les apôtres, les premiers croyants chrétiens, nous ont transmise à travers leur mission. C’est donc le temps de la transmission de la foi par l’enseignement, le témoignage et les célébrations. C’est aussi le temps de l’Église éclairée et guidée par l’Esprit Saint. Les croyants n’accompliront véritablement la mission apostolique que s’ils se mettent à la disposition de l’Esprit Saint puisque ce n’est pas leur œuvre mais celle de Dieu.    

Bonne fête de l’Ascension !

Denis KIALUTA

Introduction et intertitres de la rédaction

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