Octave de Noël
L’Octave de Noël est bien différente de l’Octave de Pâques qui nous donne à méditer chaque jour, pendant une semaine, un récit de la Résurrection. Dès le lendemain de Noël, la liturgie nous plonge dans un tout autre contexte avec la fête de St Etienne, martyr. Le deuxième jour est la fête de St Jean, évangéliste. Le troisième jour nous rapproche davantage de Noël mais avec le douloureux récit du massacre des Sts Innocents, martyrs.
Mais pourquoi donc placer la fête d’un martyr au lendemain de Noël ? N’aurions-nous pas préférer rester près de la crèche et prolonger notre contemplation émerveillée du petit Jésus blotti dans les bras de Marie et de Joseph ?
Personne ne peut affirmer que St Etienne est mort un 26 décembre.
Je me suis tournée vers le vieux missel de ma marraine édité en 1937 pour trouver une réponse. C’est justement parce qu’il est martyr et le premier des martyrs que la fête de St Etienne a été placée le lendemain de Noël : « Etienne est le premier des témoins (martyr) du Christ, il est donc juste qu’il se présente le premier dans le glorieux cortège des Saints qui entourent le berceau du Sauveur. C’est une tendance que l’on remarque dans un martyrologe grec du IV siècle de rattacher la fête des plus grands saints du Nouveau Testament à la fête de la Nativité. ».
St Jean le suit immédiatement. Est-ce parce qu’il est par excellence l’évangéliste qui met le mieux en lumière le mystère de l’Incarnation « Le verbe s’est fait chair et il a demeuré parmi nous » (Jn 1, 14) ? Et là de nouveau la liturgie nous bouscule ! L’évangile de la fête n’est justement pas le prologue de Jean mais bien le récit de l’apparition de Jésus à Marie-Madeleine et la venue des apôtres Pierre et Jean au tombeau de Jésus.
Le vieux Missel me donne une explication. En son temps, l’évangile de la fête était celui des derniers versets de St Jean où Jésus dit à Pierre à propos de Jean : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe » (Jn 21,22). « Il reçut l’auréole du martyre, puisqu’il n’échappa à une mort violente que par cette protection toute spéciale ». Donc c’est d’abord en tant que martyr qu’il trouve place au surlendemain de Noël.
Mais je ne sais pas encore pourquoi la réforme liturgique a préféré l’évangile où l’on voit St Jean au tombeau vide : « Il vit, et il crut » (Jn 20,8)…
Le 28 décembre est réservé à la fête d’autres martyrs, les saints Innocents. Témoins par leur seule mort, dans le silence.
En ces jours, nous pouvons intensifier notre prière pour les martyrs d’aujourd’hui et tant de victimes innocentes des guerres et autres violences que subissent les plus faibles.
En attendant les Mages, nous pouvons méditer le grand mystère de Noël. Restons longuement auprès de Jésus, tout-petit. Voyons-le dans cet abaissement (Ph 2,6-8) et croyons qu’il est le Dieu Tout-Puissant, vainqueur du Mal et de la mort. Nous serons alors ses témoins (espérons-le, sans subir de violence) , peut-être comme les bergers qui repartent joyeusement en louant et glorifiant Dieu, ou comme Joseph, travailleur discret, qui veille sur l’Enfant et sa Mère, ou comme Marie qui médite silencieusement les merveilles que Dieu a faites.
Marcelle Bouty